Restituer les inventaires du patrimoine culturel immatériel: Expériences participatives et comparaisons internationales
17 - 18 Juin 2013
Maison méditerranéenne des sciences de l’homme (MMSH), à Aix-en-Provence (France)
L’inventaire du patrimoine culturel immatériel se poursuit en France depuis 2008 sous la responsabilité du Ministère de la Culture. Mais comment se saisir efficacement des données collectées ? Comment diffuser ces données et favoriser une démarche participative dans les inventaires à venir ? Pour répondre à ces questions, ces journées d’étude et de formation souhaitent confronter des expériences d’acteurs ayant déjà participé à des démarches d’inventaire, des interventions d’experts sur les méthodes de collecte et les techniques de diffusion des résultats, et des analyses de chercheurs spécialistes des domaines concernés par le patrimoine culturel immatériel. La première journée sera plus axée sur le cas de la patrimonialisation des jeux traditionnels ; la deuxième journée envisagera les méthodologies permettant la mise en œuvre d’inventaires participatifs.
La journée d’étude a lieu les 17 et 18 juin 2013 à la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme (MMSH), à Aix-en-Provence. Elle est ouverte à tous sur inscription (contactez ginouves(@)mmsh.univ-aix.fr si vous rencontrez un problème).
Lundi 17 juin 2013
14h : Introduction
Laurent Sébastien Fournier (Université de Nantes et CNRS, IDEMEC, Aix-en-Provence)
14h15 : Claude Lévi-Strauss et l’anthropologie des jeux au XXe siècle
Thierry Wendling (CNRS, iiAC-Lahic, Paris)
L’œuvre de Claude Lévi-Strauss présente un contraste surprenant : d’un côté, elle abonde en métaphores ludiques (le jeu sert de modèle pour comprendre la parenté, les mythes, le progrès des civilisations) ; de l’autre, elle se révèle faible pour tout ce qui concerne la description et l’analyse des pratiques ludiques. Lévi-Strauss ayant exercé un ascendant déterminant sur l’anthropologie du XXe s, l’évaluation critique de ce regard sur les jeux est nécessaire.
15h00 : Table-ronde n°1 « Expériences et témoignages : le cas des jeux traditionnels »
Peggy Liaigre (Confédération FALSAB des jeux traditionnels de Bretagne)
Jean-Philippe Joly (Association JeuxTradiNormandie)
Karine Michel (Ingénieure de recherche contractuelle CNRS, IDEMEC)
Ronald Renson (Université de Louvain, Sportimonium)
Animation de la table-ronde : Patricia Heiniger-Casteret (Université de Pau).
17h – Pause
17h30 : Quelle(s) géographie(s) des jeux ? Tentatives de reconnexions disciplinaires et conceptuelles
Manoug Borzakian (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, Suisse)
Cette intervention s’appuiera sur les résultats d’une enquête menée sur la distribution spatiale des pratiquants français de six jeux institutionnels ; elle propose d’explorer deux pistes ouvertes par cette approche cartographique. La première (re)place l’espace géographique au cœur de la compréhension du social, en évaluant son importance comme déterminant des pratiques ludiques – donc plus largement des pratiques culturelles. La seconde interroge la pertinence des distinctions entre différentes définitions de la culture et différentes approches disciplinaires qui leur sont liées.
18h15
Conclusion de la première journée.
Mardi 18 juin 2013
9h30 Introduction de la deuxième journée
10h
Table-ronde n°2 « Méthodes participatives et diffusion des inventaires »
Sylvie Grenet (Ministère français de la Culture)
Jean-Jacques Casteret (INOC-Aquitaine, Pau)
Pierre Bonnet (Chargé de mission à la culture régionale, Région PACA)
Véronique Ginouvès (Phonothèque de la MMSH, USR 3125 CNRS – AMU)
Maya Saidani (Centre national de recherche préhistorique, historique et anthropologique, Alger)
Animation de la table-ronde : L. S. Fournier (Université de Nantes et CNRS)
L’objectif de cette table-ronde est de comparer les méthodologies et les actions liées aux inventaires du PCI dans différents types d’institutions, afin d’ouvrir une réflexion sur les possibilités de diffuser et de restituer les inventaires réalisés. La démarche nationale d’inventaire mise en place à l’échelle nationale en France par le Ministère de la Culture sera présentée en premier lieu par S. Grenet. A l’échelle régionale, seront ensuite comparés les cas de l’Aquitaine et la Région Provence Alpes Côte d’Azur. En Aquitaine, J.-J. Casteret présentera l’Institut Occitan d’Aquitaine (InOc–Aquitaine), opérateur régional pour l’occitan en convention avec la Région, l’Etat et les cinq Départements aquitains. Après avoir mis en place un dispositif numérique de valorisation des archives sonores (2005-2011), puis expérimenté sous maîtrise d’ouvrage du Ministère de la Culture un protocole d’inventaire régional du PCI (2008-2010), l’InOc œuvre aujourd’hui à la mise en place d’un dispositif public de sauvegarde du PCI du domaine occitan en Aquitaine. Au centre de ce dispositif naissant, le site internet sondaqui.com, deviendra au 1e juin 2013 le site régional du PCI occitan. En Provence, P. Bonnet présentera les actions culturelles menées par la Région Provence Alpes Côte d’Azur. Il insistera en particulier sur le cas de l’opération « Le monde est chez nous », une rencontre de musique et de danses du monde organisée à Aubagne (Bouches du Rhône) les 8 et 9 juin 2013, qui rassemble 800 artistes autour de plus de 35 cultures du monde. Les interventions de V. Ginouvès et de M. Saidani permettront de replacer les actions présentées dans un contexte plus large, au regard des nouvelles technologies de l’information et de la communication d’une part, et en relation avec les enjeux du PCI en Méditerranée d’autre part.
12h Repas
Après-midi : ouvertures et comparaisons internationales
14h : Comment impliquer les communautés de façon participative dans l’inventaire du PCI : le cas du Burkina Faso
Ludovic Kibora (INSS/CNRST, Ouagadougou, Burkina Faso)
La difficulté qui réside dans le processus d’’inscription d’un élément du PCI sur l’une des deux listes est liée à ce qui peut paraître comme une contradiction inhérente à la convention 2003. En effet, celle-ci précise qu’il s’agit du PCI des communautés tout en affirmant que ce sont les Etats-parties signataires, qui sont engagés par la convention. Alors, dans cette situation, la plupart du temps les initiatives proviennent de l’Etat et de ses démembrements, dans un contexte où les communautés ne sont pas toujours conscientes de la possibilité qu’elles ont de pouvoir valoriser autrement un élément de leurs pratiques culturelles. L’Etat est donc obligé d’être l’organe directeur du processus. Il est fortement impliqué dans les pays africains à travers la direction chargée du patrimoine culturel, logée au sein du ministère de la culture. C’est elle qui presque toujours prend l’initiative d’engager le processus d’inscription d’un élément sur une des listes du PCI. Pour ne pas être en porte-à-faux avec l’esprit du PCI, les agents de l’Etat développent toute forme d’ingéniosité pour mettre les communautés en avant à travers leurs représentants et des cadres participatifs appropriés. Si l’initiative était laissée entièrement aux communautés elles-mêmes, il y aurait peu de chances de voir certains pays, notamment ceux d’Afrique de l’ouest, inscrire un seul élément de leur PCI. Notre communication portera sur l’implication des communautés vivant au Burkina Faso à l’inventaire de leur patrimoine culturel immatériel.
15h : La participation des ONG aux travaux de l’UNESCO : changements de paradigmes patrimoniaux et méthodes participatives
Valentina Zingari (Université de Sienne, Italie, coordinatrice du groupe de travail SIMBDEA-ICH)
Au sein d’une ONG italienne accréditée par l’UNESCO-ICH en 2010, SIMBDEA, nous travaillons à un projet de création d’un réseau pour la sauvegarde du PCI, suivant les orientations des Directives opérationnelles qui accompagnent le texte de la Convention. Ce projet est porté par un groupe d’anthropologues engagés dans des actions de connaissance et valorisation des patrimoines culturels non institutionnalisés, animés par une vision de la recherche ethnographique basée sur l’écoute de la parole, la constitution d’archives orales, les expériences de muséographie participative, suivant des méthodes qui tachent de répondre aux demandes sociales de patrimonialisation. Les enjeux des « nouveaux terrains de l’ethnologie » appellent à une réflexion sur le rôle de médiateurs et la posture de « pont » entre les communautés et les institutions que les chercheurs en sciences humaines et sociales se trouvent à assumer. Le projet de réseau bénéficie d’un dialogue intense avec les juristes du patrimoine culturel et droits de l’homme, en particulier le groupe de l’Université de Venise, Cà Foscari. Dans le cadre de ce projet, les « inventaires participatifs », les méthodes d’identification patrimoniale, occupent une place centrale. Un premier projet est en train de se concrétiser dans les Abruzzes, accompagné par l’anthropologue Antonio Arantes, un des pères du système d’inventaire brésilien basé sur le concept de « références culturelles ». Mais la réflexion sur les méthodes n’est qu’à ses débuts. A cet égard, les expériences ethnographiques dans le domaine de la « recherche-action », de la muséographie de société, des écomusées se révèlent précieuses et pertinentes. En Italie, certaines régions comme la Lombardie, se sont dotées d’une loi régionale et d’un « registre du PCI », un inventaire régional qui peut aussi inclure des éléments inscrits ou à inscrire dans les listes Unesco, mais qui travaille dans une perspective large et participée de documentation sur le PCI. Cette région a accueilli, en janvier 2013, une première rencontre internationale sur « le patrimoine culturel immatériel entre société civile, recherche et institutions ».
16h : Inventaires et comparaisons internationales : l’état actuel des débats
Christian Hottin (Ministère français de la culture)
17h - Conclusions
Journées organisées avec le soutien de l’IDEMEC UMR 7307, de l’USR 3525, et du Ministère de la culture.
Crédits photographiques : atelier de reliure au marché de Soumbédioune, Dakar, juin 2012. Véronique Ginouvès, juin 2012.